Hier j’ai aperçu la Mort. Elle
était vêtue d’une toge noire qui laissait entre-voir sous
une capuche le visage d’une jeune femme d’une beauté inégalable.
Sa main gauche décharnée tenait une faux imposante où l’on
voyait le long du manche ruisseler un sang encore tiède. Sa main droite
squelettique tenait quand à elle fermement par les cheveux la tête
d’un homme défigurer par la terreur. De son coup tranché
gisait à flot un sang d’un rouge écarlate. Lorsqu’elle
me croisa, aucune peur ni même inquiétude m’envahies, seulement
un bonheur qui m’était jusqu’alors inconnu. En me voyant,
elle se contenta de me lancé un regard dédaigneux et alla d’un
pas silencieux vers un brouillard illusoire où sa silhouette se perdit
dans les ténèbres.
Aujourd’hui j’ai vu la Mort. Elle s’approcha de moi dans un
silence et une grâce divine. Sa faux était recouverte d’un
sang coagulé, preuve qu’elle n’avait pas servie depuis la
veille. Son visage ne trahissait aucune émotion. Elle finit par me sourire,
et quand la Mort vous sourit la seule chose que vous pouvez faire c’est
de sourire à la Mort. Elle s’avança encore de quelque pas
et s’immobilisa. Elle déplia les phalanges de ses doigts crispés
sur le manche de la faux et me présenta sa main en décomposition.
Elle se trouvait désormais suffisamment près pour que je puisse
sentire l’odeur putride que dégageait sa lame.
La Mort était là, face à moi, m’invitant à
la suivre. J’attendais qu’elle vienne à moi avec impatience,
pourtant elle ne bougea pas. Je la désirais plus que tout, elle était
là le seul et unique moyen me permettant de me délivrer de cette
pathétique existence. Pourtant, à ma grande surprise, le courage
me manqua pour prendre place à sa droite. Avec amertume, elle me tourna
le dos et s’éloigna pour rejoindre sa demeure, au tréfonds
des Abysses.
Quel cruel destin qu’être condamné à vivre !
Timmy