Pour le
bonheur d’une femme
Pendant des années, je n’ai pu m’empêcher d’aimer cette charmante femme nommée Hélène. Je l’ai vu grandir, telle une fleur s’épanouissant à la venue du printemps. Son regard angélique, sa grâce, son petit sourire enjoué ont été la source ou j’ai puisé mon bonheur. Avec désolation, le jour de son mariage, je réalisai qu’elle ignorait ma simple existence. Chaque matin, lui servant son café au restaurant, je tentais de lui faire comprendre à quel point je l’aimais. Jamais, ne serait-ce qu’une fois, elle ne l’a remarqué.
Vînt le jour ou enfin l’occasion se présenta. Distraite ne regardant pas devant elle, Hélène trébucha, tombant à plat ventre devant mes pieds. Ce ne pouvait être autre chose que le destin. Je me penchai pour l’aider à se relever. Je vis son magnifique visage prendre un teint rouge vif, puis le coin de sa bouche se redressa pour laisser échapper un rire amère. -J’aurais très bien pu me relever toute seule, s’empressa t-elle de me dire. -Je n’en doute pas un instant chère dame. Étonnamment, elle se jeta dans mes bras et se mit à pleurer. Je ne pouvais demander mieux. Elle avait besoin d’aide et je saurais lui en apporter. Je l’invitai donc chez moi. Un refus ne m’aurait pas étonné, mais à mon grand plaisir elle accepta. Pendant des heures, elle parla sans s’arrêter. Les yeux inondés de larmes, elle me raconta la courte histoire de son mariage. Je brûlai de jalousie. Pourquoi avait-il fallu que cet homme existe ? Pourquoi n’était-ce pas moi qu’elle aimait ainsi ? Je compris alors qu’elle pourrait être heureuse à nouveau un jour. Ce ne serait peut-être pas avec ma présence à ses côtés, mais je lui offrirais d’une autre façon ce bonheur qu’elle méritait. C’est avec cette certitude que j’appuyai sur la détente, regardant son corps s’effondrer sur le tapis rouge de mon appartement qui devenu, a partir de ce jour, un repaire macabre imprégné par l’odeur de la mort.
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