Chap. 3: Repas
de Famille
Deux jours s'étaient écoulés
après son séjour à l'hôpital dans une grande
monotonie. Dorian s'était replié dans sa chambre depuis
ce temps, évitant le plus possible les contacts familiaux.
Le soir du deuxième jour arriva, Dorian était toujours
recroquevillé dans un coin de sa chambre, pensif. La porte grinçante
de la pièce s'ouvrit, apparu alors dans l'encadrement de la porte
sa petite sœur, éternel sourire aux lèvres.
"Tu viens manger Dorian? Maman t'a préparé tes spaghettis
préférés.
- Qui t'as permis d'entrer ici!? Comment oses-tu rentrer sans ma permission
petite!"
Le sourire de Milara s'estompa rapidement. Elle ne comprit pas pourquoi
il l'avait traité comme une gamine, lui qui disait toujours qu'elle
était très avancé pour son âge, lui qui était
toujours doux et attentionné avec elle. Ses yeux devinrent flous,
une larme coula et elle se précipita dans les escaliers retrouver
ses parents. Dorian regretta bien vite ses paroles qui n'avaient pas
de sens puisqu'il l'aimait plus que tout; c'était sa petite sœur…
"J'adore voir les fillettes pleurées! Pas toi!?"
Dorian sursauta, se retourna et chercha des yeux cet individu dont la
voix ne lui était pas inconnue. La voix se mit à rire
frénétiquement, une fois de plus éperdument amusée
par la réaction de Dorian.
"Mais qui êtes-vous!? Comment êtes vous arrivez ici!?
Et où êtes vous!? Demanda Dorian, irrité d'entendre
à nouveau cette personne satyrique.
- Ne comprends-tu donc pas!? Il finit de rire, puis repris:
Ton manque de logique me désole… Je suis… quelle
importance! Tu ne seras plus d'ici quelques jours. Pose toi la bonne
question: qu'es-tu? Et puis-je préfère m'amuser un peu
avec toi, c'est plus jouissif de te laisser découvrir par toi-même
qui je suis et ce que tu es.
- Quoi? Ce que je suis? Je ne comprends pas… que voulez-vous-me…
- Et puis arrête de vouvoyez! Si seulement tu savais à
quel point je suis proche de toi… bien plus que ces moutons et
brebis que tu appèles famille…"
Milara entra de nouveau dans la chambre, un nouveau sourire aux lèvres,
visiblement peu rancunière.
"Maman m'a dit de venir te chercher. Elle s'interrompit puis reprit:Tu
parlais à quelqu'un? T'es avec qui?
- Garde tes questions pour toi, lui lança sèchement Dorian."
Cet ordre cinglant la fit sursauter et elle s'enfuie aussitôt.
Il voulut la rattraper et s'excuser mais même s'il n'avait pas
été trop tard il ne l'aurait pas fait, il le savait bien,
sans savoir pourtant pourquoi quelque chose l'en empêchait.
"Qu'elle pleure cette gamine, quelle importance? Elle n'est
rien…"
Dorian se résigna d'un pas lourd à aller retrouver sa
famille pour le repas.
Tous étaient déjà
assit attendant seulement Dorian pour commencer le repas, à l'exception
de Milara qui ne se trouvait pas dans la pièce. Il s'installa
donc à sa place, sans un mot. Milara fini par sortir d’une
pièce voisine, les contours de ses yeux étaient rouge
vif, et son regard noir était porté sur Dorian. Il n’y
prêta pas attention et attendit que sa sœur prenne sa place
comme à son habitude face à lui. Une fois servit il alla
pour entamer sa nourriture, lorsque la voix s’exclama :
"Des spaghettis… mais c'est une nourriture pour bétail!
- Tait toi! Je ne t'ai rien demandé!"
Son père s’interrompu, ne comprenant pas cet ordre et regarda
sa femme, tout aussi surprise… Puis ils reprirent à manger
sans poser de question. Dorian enroula les spaghettis autour de sa fourchette
et la porta à sa bouche. Il mâcha plusieurs fois mais s’interrompis
bien vite ; sa nourriture lui donnait l’impression de manger du
charbon de bois. Il regarda son assiette : les spaghettis étaient
bien préparés comme il les aimait… Il mâcha
à nouveau une fois, espérant que son esprit lui avait
fait un mauvais tour, puis finis par tout recracher dans son assiette
ainsi que sur sa sœur. Il prit bien vite son verre d’eau
pour faire passer le goût acre du charbon.
"Je t’avais dit que c’était pas bon…
Prend pas ce verre, il est rempli de cochonnerie aussi ! Mange plutôt
de la bonne viande bien fraîche…"
Dorian ne l’écouta pas et commença à boire
le liquide qui se trouvait dans son verre. La réaction fut immédiate
: le liquide ayant goût de cendres fut vomi aussitôt.
" Que se passe t’il mon garçon ? demanda son père
inquiet
- Je ne suis pas ton garçon ! Tu n’es rien ! Et cette bouffe
est infâme ! lança Dorian d’un ton acerbe.
- Je te l’avais pourtant dis… une bonne viande bien
saignante, rien de tel ! Délicieux…. Et c’est loin
d’être de la nourriture pour moutons que tu manges actuellement…"
L’idée de viande fraîche lui donnait rien que d’y
penser l’eau à la bouche, sentir cette odeur de viande…
"Une bonne tranche de viande… ou encore mieux, de la
chaire encore bien plus fraîche… La catin est trop vieille
mais par contre la petite… j’en suis sur qu’elle…
- NON !! Dorian se repris, non il ne devait pas penser à ça.
Comment peut-tu-me dires ça !? MONSTRE !!!
- Rooo ! Je t’en pris ! Me dis pas que l’idée
ne t’as pas traversé l’esprit, ne me dis pas que
cette envie ne rode pas en toi. Ne me ment pas, je le sais…
Milara et ses parents le regardaient, sans savoir quoi faire. Milara
finit par se lever et s’approcha de Dorian et s’apprêta
à parler, mais Dorian l’arrêta net.
"Laisse-moi ! Tu n’es rien ! Vous n’êtes rien,
juste de la chaire ambulante !
- Oui de la bonne chaire ne plus…"
Dorian se précipita vers la porte d’entrée, son
père lui barra l’accès.
"Laisse moi passé maintenant !
- Non mon fils, tu n’es pas en ét…"
Dorian n’attendit pas que son père eut fini de parler pour
l’éjecter de son chemin d’un coup de bras qui le
propulsa contre l’armoire. Il s'enfuit alors par la porte qu’il
ouvrit brutalement. Elle resta entre ouverte, laissant à son
père la possibilité de voir l’échec de son
interposition. Il voyait son fils s'engouffrer dans les ténèbres
sans réussir pour autant à se relever afin de le rattraper.
Le comportement de son enfant l’inquiétait grandement,
quant aux explications des médecins, cela ne présageait
rien de bon… Il n’avait plus qu’a espéré
que son enfant reviendrait à la raison rapidement…
Timmy 06.07.05
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